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CHAPITRE XXXI. DES MOURINES FOSSILES.

1. DU GENRE MYLIOBATES Dum.

Tel qu'il fut établi par M. Duméril, le genre Myliobates renfermait toutes les Raies, dont les mâchoires, au lieu de dents pointues, portent de larges chevrons dentaires á couronne plate, soudés par leurs bords on plutôt réunis par de fines sutures, de manière á former de larges plaques parquetées, dont les parties constitutives, les chevrons ou les dents, sont tantôt égales entre elles, tantôt inégales et disposées sur plusieurs rangées symétriques. Maintenant ce genre se subdivise en plusieurs sous-genres qui ont été caractérisés par les particularités de l'arrangement des dents, comme je l'ai fait voir á pag. 79 de ce volume, en traitant des dents des Plagiostomes en général.

Le genre des vraies Mourines ou des Myliobates proprement dits est caractérisé par le développement transversal extraordinaire des dents médianes des deux mâchoires. La plaque dentaire de la mâchoire inférieure est plate et plus longue que celle de la mâchoire supérieure, qui est courbée autour du bord antérieur de la mâchoire et légèrement voûtée sur ses côtés. Les fig. 9 et 10 de Tab. D représentent les deux mâchoires réunies du Myliobates Aquila, vues par derrière (fig. 9), et de profil (fig. 10). Malheureusement ces figures sont renversées; la pièce c, fig. 10 et r, fig. 9 étant la mâchoire supérieure, et la pièce o fig. 9 et a et b fig. 10, la mâchoire inférieure. La fig. 9 montre surtout bien le caractère distinctif du genre, qui consiste dans la largeur extraordinaire des chevrons médians c c c, tandis que leur longueur n'excède pas celles des chevrons latéraux a a a, qui sont de forme irrégulièrement hexagonale et disposés de chaque côté sur trois rangées. Les deux mâchoires ont leur bord antérieur droit.

MM. Müller et Henle distinguent cinq espèces vivantes de ce genre, qui toutes paraissent être cosmopolites. J'en connais au moins trois fois autant d'espèces fossiles, toutes des terrains tertiaires.

La grande fréquence des espèces de ce genre dans les terrains tertiaires contraste en apparence avec le petit nombre des espèces vivantes; mais elle n'est qu'une confirmation d'une loi très-générale de la succession des types á différentes époques du développement de la vie organique.