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CHAPITRE XIV. DU GENRE PTYCHODUS

 

Je ne crois pas me tromper en rapportant les rayons dont il s'agira dans ce chapitre au même genre que les dents que j'ai désignées sous le nom de Ptychodus. Leur occurrence constante dans les mêmes localités et leur fréquence égale m'en donnent la presque certitude. Cependant je n'ai pas encore pu rapporter avec assurance les différentes espèces de rayons aux diverses espèces de dents, dont on a jusqu'ici toujours trouvé plus d'une espèce dans la même localité. Les rayons de ce genre feront donc tous double emploi comme espèces, avec les dents, jusqu’à ce qu'on soit parvenu á les identifier.

 

Les rayons de Ptychodus sont très-gros et ont une structure toute particulière, même assez différente de celle des Ichthyodorulithes que j'ai déjà décrits. Au lieu d’ètre tout d'une pièce, comme ceux des autres genres, ils présentent des baguettes plates ou plutôt de larges lames, épaisses, intimement soudées entr'elles, mais que l'on distingue encore aux sillons longitudinaux de la surface du rayon; leur bord antérieur est bosselé, et ces bosses forment sur les côtés de larges côtes arrondies et des dépressions transversales plus ou moins marquées. Vers la base du bord postérieur il y a de grosses fibres osseuses insérées verticalement ou obliquement, qui paraissent avoir été ses points d'attache. Je n'ai d'ailleurs pas remarqué de dents le long de ce bord. Il est á remarquer encore que les lames dont on distingue les bords á la surface du rayon, sont parallèles á son bord postérieur, tandis que l'on voit leur extrémité aboutir successivement le long du bord antérieur depuis sa base jusqu’à sa pointe; d'où il résulte que la base est sensiblement plus large que la partie supérieure du rayon, et que son bord postérieur est droit, tandis que le bord antérieur, qui est bosselé, est en même temps oblique.

 

A en juger d’après les fibres que l'on remarque á la base du plus complet de ces rayons, ils étaient couchés sur le dos du poisson, ou du moins plus inclinés que les épines des Squales.

 

Tous les rayons de Ptychodus connus proviennent de la Craie. Il est très-remarquable que ce soit en Angleterre seulement, dans la craie de Lewes, que Ton ait trouvé des rayons de Ptychodus, bien que les dents de ce genre aient été trouvées dans la craie de contrées très-éloignées. Ainsi j'en connais de la craie d'Angleterre, trouvées avec les rayons, de la craie de Belgique, de France, d'Allemagne, d'Italie et d'Amérique. Le nombre des espèces de dents que j'ai distinguées se rapproche de celui des rayons. Ainsi je connais en tout 6 espèces de dents de Ptychodus, dont, se sont trouvées á Lewes, et le nombre des espèces de rayons de la même localité que j'ai distinguées jusqu'ici est de quatre. Cette coïncidence numérique est d'une grande valeur pour l'appréciation des rapports de ces rayons et des dents que l'on trouve avec eux. Il n'y a que le genre Lamna de l'ordre des Placoides, qui ait fourni jusqu'ici plusieurs espèces de dents; or, les Lamna n'ont pas de rayons épineux á leurs dorsales. Il n'y a donc que les dents que j'ai désignées sous le nom de Ptychodus, qui puissent être associées á ces rayons, á moins de supposer que l'on ne connaît pas encore les dents des espèces qui portaient ces rayons, et d'admettre que les Ptychodus n'en avaient pas du tout, ou qu'ils étaient autrement conformés que ceux que je leur attribue; ce qui ne paraît guère probable.