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4. DES DÉFENSES DE RAIES

A la suite de la description des dents des différens genres de Myliobates que j'ai pu déterminer jusqu'ici, je dois ajouter quelques détails sur les rayons que l'on peut leur rapporter. Malheureusement il ne m'a pas été possible de trouver de caractères distinctifs entre les piquans des divers genres de cette famille, que Ton a distingués d’après les modifications de leur dentition. Je me vois dès-lors obligé de décrire tous ces rayons sous le seul nom générique de Myliobates.

Il m'est également impossible d'établir des rapprochemens entre les différentes espèces de dents et les espèces de rayons; on ne pourra y parvenir que lorsque l'on aura des renseignemens plus précis sur le gisement et le mode d'association de ces débris. Je doute cependant d'autant moins que l'on ne parvienne á lever toutes ces difficultés, que les types des rayons de ces poissons sont aussi diversifiés que les modifications de leurs dents, et qu'il suffira de les rencontrer dans quelque localité où il n'existera qu'une seule espèce de rayon et une seule espèce de dents pour avoir la clef de leurs combinaisons.

Les Myliobates ne sont pas la seule famille de Raies qui porte des piquans acérés sur la queue; il en existe de toutes semblables chez les Trygons, mais je n'ai jamais rencontré de traces de dents isolées qui pussent être rapportées á ce dernier genre; cependant, on en a trouvé des exemplaires très-bien conservés avec leurs piquans á Monte-Bolca. Les difficultés pour la détermination de ces piquans ne peuvent donc pas être limitées aux seuls genres du groupe des Myliobates; il faut les étendre encore au groupe des Pastenagues, c'est-à-dire, aux Trygons proprement dits, aux Pteroplatea, aux Hypolophus, aux Taeniura, aux Urolophus, aux Trygonoptera, aux Aetoplatea, qui tous portent des épines.

Quant á l'âge géologique auquel les Raies remontent dans la série des terrains, il est difficile á préciser; cependant, si l'on peut envisager la forme déprimée des rayons comme un caractère constant de la défense que portent certains types de cette famille, on peut dire qu'il a déjà existé des Raies á l'époque de la déposition des terrains houillers, puisque les rayons que j'ai décrits pag. 66 sous le nom de Pleuracanthus laevissimus ont ce caractère. Peut-être faut-il également rapporter á cette famille un rayon droit, de forme cylindracée, armé en arrière de deux rangées de dents acérées, dont je n'ai pas parlé jusqu'ici, mais que j'ai fait, figurer Tab. 45, fig. 7-9, sous le nom de Orthacanthus cylindricus, et qui provient également du terrain houiller des environs de Manchester. Quoi qu'il en soit des affinités de ces anciens débris, toujours est-il que les rayons déprimés, abords dentelés, que l'on trouve dans les terrains tertiaires, appartiennent incontestablement aux groupes des Pastenagues et des Mourines. J'en ai distingué un assez grand nombre, dont les plus remarquables sont les suivans:

 

1° Myliobates Sternbergii Agass.

Tab. 45, fig. 10.

Myliobates Sternbergii Tafel 45 fig. 10

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

De forme très-allongée, marqué á la face supérieure de quelques sillons irréguliers, et armé sur les côtés de fortes dents arquées et acérées. Ce rayon provient do la vallée de la Brenta, et se trouve au Musée de Prague: il m'a été communiqué par M. le comte de Sternberg.

 

2° Myliobates Owenii Agass.

Tab. 45, fig. 11-13

Myliobates Owenii Tafel 45 fig. 11-13

 

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Ce rayon est large et plat; sa face; supérieure est marquée de sillons irréguliers, assez rapprochés et confluons; sa face inférieure est finement striée; ses bords sont armés d'une dentelure serrée et courte. Celte espèce provient probablement de l'argile de Londres. L'exemplaire figuré se trouve au Musée du collège des chirurgiens á Londres.

 

3° Myliobates acutus Agass.

Tab. 45, fig. 14-17

Myliobates acutus Tafel 45 fig. 14-17

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

J'ai donné ce nom á un polit rayon de la collection de M. Bowerbank, provenant de l'argile de Londres de Sheppy, qui est représenté de grandeur naturelle sur ses deux faces, fig. 14 et 15, et grossi fig. 17. Ce qui le distingue surtout, c'est la grandeur disproportionnée des dents marginales, qui sont fortement inclinées en avant, tandis que le piquant tout entier se rétrécit sensiblement en arrière et se termine par une pointe tronquée. Sa face supérieure est fortement bombée et la face inférieure faiblement cannelée, fig. 16.

 

4° Myliobates canaliculatus Agass.

Tab. 45, fig. 18-20

Myliobates canaliculatus Tafel 45 fig. 18-20

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Cette espèce se distingue par sa face supérieure, qui est voûtée sur les côtés et fortement cannelée sur le milieu: la face inférieure est coupée carrément et se détache également des bords par des angles droits; les dentelures marginales sont faibles. Elle provient, comme la précédente, de l'argile de Londres et fait partie de la collection de M. Bowerbank.

 

5° Myliobates toliapicus Agass.

Tab. 45, fig. 21-23

Myliobates toliapicus Tafel 45 fig. 21-23

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Je rapporte ce rayon á l'espèce de Myliobates dont les dents sont le plus fréquentes dans l'argile de Londres de Sheppy, et que j'ai déjà décrites sous le nom de M. toliapicus, par la raison que les rayons de ce type sont aussi les plus fréquens dans cette localité; reste á savoir s'il y a identité spécifique entre les dents et les rayons, comme je le pense. Des cannelures nombreuses, comme dans le M. Owenii, mais moins irrégulières, une forme moins aplatie, moins large et droite jointe à des dentelures serrées sur les bords, distinguent suffisamment les rayons de celte espèce de tous les autres.

 

6° Myliobates lateralis Agass.

Tab. 45, fig. 24-27

Myliobates lateralis Tafel 45 fig. 24-27

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Cette espèce provient aussi de l'argile de Londres et se trouve dans la collection de M. Cumberland á Bristol. Elle ressemble á la précédente, par la disposition des sillons de sa face supérieure et des dents de ses bords; mais elle en diffère notablement par la forme de sa face inférieure, qui est plus régulièrement arrondie, fig. 27, et surtout par les deux cannelures arrondies qui s'étendent tout le long du bord, á l'intérieur des dents marginales.

 

7° Myliobates marginalis Agass.

J'ai désigné sous ce nom une petite espèce de rayon de Barton, á dentelures très-fines et très-acérée, dont je donnerai la figure dans une autre occasion.