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CHAPITRE VII. DU GENRE ACRODUS

Les poissons auxquels je donne le nom d'Acrodus, présentent, dans leurs mâchoires, (les seuls débris que l'on en possède) la plus grande affinité avec le genre Cestracion; ils n'en diffèrent même génériquement que par une modification en apparence peu importante, mais constante de leurs dents, dont la disposition et les combinaisons rappellent d'ailleurs celles du Cestraction de la Nouvelle Hollande.

 

Comme dans les Cestraciontes, la partie émaillée de ces dents est portée sur un os de structure granuleuse, en forme de parallélogramme incliné sur son côté interne. Je n'ai pas pu vérifier ce dernier caractère sur les dents de toutes les espèces, mais il est si frappant dans celles oh je l'ai observé, que je ne doute pas qu'il ne soit générique. La couronne elle-même est renflée au milieu, arrondie sur ses côtés et rétrécie á ses deux bouts. Toute la surface émaillée est ornée de rides transversales, qui donnent á chaque dent son aspect particulier. Ces rides se ramifient uniformément sur toute la surface et divergeant toujours d'une saillie longitudinale, qui résulte elle-même de la réunion des rides médianes, elles se dirigent vers les bords, á partir tantôt d'un seul point central, comme c'est le cas des dents antérieures, tantôt de tous les points de la crète longitudinale, en formant avec elle un angle plus ou moins aigu, comme on le voit sur les dents des côtés de la mâchoire.

 

Dans le genre Cestracion, des anastomoses réticulées l'emportent sur les lignes droites, d'où il résulte un réseau plus ou moins régulier á la surface des dents; dans les Strophodus, les saillies médianes sont larges et tellement aplaties, que l'on ne pourrait les comparer á celles des Acrodus, oh elles sont simplement linéaires.

 

Les auteurs anciens ont quelquefois pris les dents d'Acrodus pour des insectes ou des vers fossiles; le plus souvent on les a envisagées comme des sangsues contractées et pétrifiées; plus tard, en les rapportant á la classe des poissons, on les a considérées comme des osselets de l'oreille interne de ces animaux. Mais il suffît d'avoir examiné une de ces couronnes ridées, attachée á sa racine, pour apprécier á leur juste valeur des suppositions aussi dénuées de fondement.

 

J'ignore quelle espèce de rayons épineux les Acrodus portaient á leurs dorsales.